« La cuisine les lentilles » …(Cooke lenses) 😆 |
Un peu d’histoire
(traduction et résumé en français de la page Lomography.com)
La course à l’excellence technique dans le domaine de la photographie et de la fabrication d’objectifs était effrénée au début du XIXe siècle. Avant l’objectif triplet Cooke, les objectifs les plus avancés ne pouvaient corriger que l’aberration sphérique et la coma, et non toutes les principales aberrations monochromatiques : sphérique, coma, astigmatisme, courbure de champ et distorsion. L’avancée s’est produite lorsque l’innovateur britannique en optique, H. Dennis Taylor, alors qu’il travaillait pour la société Cooke, a travaillé à l’amélioration de l’élément avant du télescope. Cela lui a donné l’idée de concevoir un nouvel objectif comportant seulement trois éléments. (M. Sutton était arrivé à une conclusion similaire en 1858)
H. Dennis Taylor a réussi à minimiser les aberrations chromatiques et à améliorer la netteté. Avec seulement deux lentilles biconvexes (ou positives) à l’extérieur et une lentille biconcave au milieu (ou négative), il s’est rapproché plus que quiconque à l’époque de la perfection optique.
Le design innovant de Taylor a été breveté sous le nom d’objectif « triplet Cooke » en 1894.
« Ces lentilles vont créer une révolution » – Publicité en 1895
En résumé, le triplet de Cooke à est un objectif à trois éléments qui limite l’angle d’incidence et permet d’équilibrer 7 aberrations primaires :
1. Sphérique
2. Coma
3. Astigmatisme
4. Couleur axiale
5. Couleur latérale
6. Distorsion
7. Courbure du champ
Étant convaincu que cet objectif est une des meilleures formules optiques qui soit, j’ai acquis au fil des ans divers triplets provenant majoritairement d’épiscopes/opascopes/epidiascopes. Ils sont en général très lumineux donc énormes, ceci étant dû au fait qu’un épiscope a besoin d’une quantité importante de lumière pour projeter un document opaque, vu que la puissance de la lampe requise ne peut pas dépasser un certain seuil (sinon c’est la chauffe), et qu’un document opaque est à l’évidence très sombre puisqu’il n’est pas retro-éclairé.
Optiquement parlant, un objectif très lumineux est en général de qualité moyenne en photographie (sauf sur les objectifs très haut de gamme), mais cette notion a moins d’importance en projection de documents (je ne m’étendrai pas sur le côté technique). Le principal défaut d’un gros triplet de Cooke en photographie à la chambre est le manque de contraste et de piqué et comme il n’y a pas de diaphragme pour corriger ça….
La raison pour laquelle j’ai choisi de créer cet article aujourd’hui vient du fait que j’ai récemment appris quelque chose à propos du triplet que je ne savais pas, bien qu’ayant pratiqué une veille intensive sur le sujet depuis des années : l’élément central (bi-concave) peut être déplacé pour obtenir des effets à l’image qui sont la conséquence du déplacement de ladite lentille! On en apprend tous les jours!
Tests!
J’ai déjà parlé de mon SFOM 375mm f/3.4 de fabrication française et à la qualité superbe (lien), j’ai donc décidé de tester les 3 configurations optiques afin d’en comprendre mieux le fonctionnement.
J’ai donc démonté les éléments (1-biconcave, 2-bague, 3-bague, 4-convexe, 5-convexe) et ceci assez facilement et j’ai pu grâce aux bagues changer l’ordre des éléments, ce qui est impossible sur les autres triplets que je possède!
Le protocole est le suivant : les éclairages, la sculpture et les 2 spots sont fixes, la chambre 18×24 également (150cm entre la lentille frontale et la sculpture). J’ai chargé le chassis avec du papier Ilfobrom 4.1P brillant (baryté très fin), et j’ai fait une mesure à la Lunasix : pour 6 ISO à f/3.4 =>1 seconde de pose, avec juste 2 ampoules CFL basiques assez proches du sujet et j’ai fait la mise au point sur la main et la harpe.
J’ai developpé dans du révélateur Rollei Ecologique RPN et scanné avec Silverfast sur Epson 4990.
Je vais donc tester le triplet selon les trois configurations suivantes :
Résultats
Grâce à ces résultats on peut spécifiquement noter que c’est avec le biconcave au centre que l’objectif est le meilleur : piqué, profondeur de champ, bokeh et contraste.
Avec le biconcave à l’avant, on a une image moins contrastée et plus diffusée, d’autre part on note aussi que la distance focale est raccourcie et ainsis la profondeur de champ est un peu plus grande.
Avec le biconcave à l’arrière c’est la cata…A moins d’être friand du rendu vaporeux, cher aux pictorialistes du début du XXe, on peut remarquer que l’ensemble est très diffus même si la netteté est présente. La profondeur de champ étant moins grande, l’arrière plan est plus doux.Voici les 3 prises de vues côte à côte (avant-centre-arrière) :
Voici d’autres captures d’écran dans Photoshop, on peut ainsi mieux voir les différences. J’espère que ces tests vous auront apporté de l’eau à votre moulin, et pour ma part, c’est le cas : j’aurais appris quelque chose d’essentiel en optique et compris comment fonctionnent les objectifs soft-focus à douceur variable tel que le Taylor Hobson Cooke ‘Knuckler’!
Références :
- https://lensfever.com/the-legend-of-3-element-lens-brief-introduction-of-cooke-triplet/
- https://www.lensrentals.com/blog/2011/01/cooking-with-glass/
- https://www.canonrumors.com/tech-articles/lens-genealogy/
- https://en.wikipedia.org/wiki/Cooke_triplet
- https://www.lomography.com/magazine/351477-a-revolutionary-lens-the-story-of-the-cooke-triplet
Disclaimer : mes prises de vues, mes conseils et mes expérimentations n’engagent que moi. Ces articles me sont d’abord à titre personnel, d’une grande utilité. Je suis assez scrupuleux sur mes écrits. Je vérifie et cite quand il se doit mes sources…malgré tout il peut subsister quelques erreurs notamment sur la science de l’optique et de la couleur, car rien n’est gravé dans le marbre sauf la physique! Pour conclure, je partage juste mon expérience personnelle, mes impressions et mes expérimentations. Si elles peuvent servir aux lecteurs, j’en serai heureux! J’espère en faire profiter un plus grand nombre en les partageant. |
Merci de partager ainsi avec nous le déroulé et les résultats de ce test. C’est donc la configuration « normale » de positionnement des lentilles qui est la « meilleure ». Ceci écrit, le flou pictorialiste a son charme aussi…
Merci de votre retour. Oui tout dépend de l’effet désiré, certains objectifs on cette capacité à pouvoir régler cette douceur en ajustant une bague centrale donc en bougeant le biconcave, tel le Taylor Hobson Cooke ‘Knuckler’.