Une chambre 24×30 DIY rustique mais qui fonctionne! |
Il ne m’a suffit que 4 secondes de pose (et encore je suis encore surexposé dans les zones très claires) . Je pourrais descendre à 2 secondes sans problème. Le collodion LEA7 est vraiment plus rapide que celui aux sels de potassium que j’ai l’habitude de réaliser moi-même. L’ouverture relative très grande (f/3,4) du SFOM 375mm utilisé, les spots aux LEDs bleues/UV à l’arrière et la boite à lumière Balcar à l’avant (+ le réflecteur) concourent à apporter beaucoup de lumière à l’image.
Dans cet article je vais détailler la finalisation d’une chambre en 24×30 (que j’avais initialement prévue pour du 13×18) afin de pouvoir utiliser mes énormes optiques d’épiscope (un Leitz Epis 400mm f/4 et 500mm f/4,5, Berthiot Anastigmat 550mm f/5,5, Vegionar 325mm f/3,6) mais surtout avec ma dernière acquisition, un SFOM 375mm f/3,4 d’épidiascope.
C’est une chambre toute en bois, réalisée sans plan préalable (je ne suis pas bricoleur….) et avec les moyens du bord. Elle est faite de sapin, de chêne, de contreplaqué et de MDF! Bref un assemblage hétéroclite de ce qui me tombait sous la main! Je l’utilisais en 13×18, m’étant bricolé un support arrière de châssis et de dépoli, et j’avais envie de passer au format « supérieur ». Le 24×30 est je trouve, le format idéal : la plaque tient bien sur la main lors du coulage, et on trouve facilement des sous verres de ce format pas chers. Je n’utilise pas de cuve verticale de sensibilisation, mais une cuve horizontale de labo.
Je n’avais pas réalisé de soufflet, ni de platine à bascule, j’ai préféré la simplicité dans la construction. Cela limite bien sûr les déplacements de la chambre d’abord vu son poids et la rusticité de l’ensemble, mais au final ça me convient, la contrainte est source de créativité! Le soufflet est donc remplacé par un coffrage en bois qui coulisse d’avant en arrière, et guidé par deux rails fixés sur les côtés. Le tirage est limité, il ne me permet que de faire du gros plan, du portrait, et du plan américain, mais c’est à ces types de cadrages que je la dédie.
Impossible non plus de pratiquer ni bascule ni décentrement et pour le réglage de hauteur, vu le poids de l’engin, je suis contraint d’enlever la chambre du support en « X », de régler la hauteur, et de replacer la chambre.
En ce qui concerne la finalisation de ma chambre 24×30 :
- j’ai appliqué de la peinture noire mat en bombe à l’intérieur pour éviter tout reflet
- j’ai fabriqué et adapté un coffrage arrière qui puisse recevoir un châssis 24×30 provenant d’une chambre de studio ainsi qu’un châssis contenant le dépoli
- à propos de dépoli, n’en possédant pas, j’en ai donc réalisé un avec un verre provenant d’un sous-verre acheté quelques euros et en utilisant de la poudre de polissage aux grains de carbure de silicium 600
La mise au point étant très ténue avec cet objectif SFOM 375mm f/3,4 (seul le plan allant de l’œil droit aux cheveux à gauche est net), j’ai donc entrepris de fabriquer un diaphragme en carton peint en noir pour augmenter d’une part le contraste, lui donner un peu plus de piqué et également plus de profondeur de champ (à peine, juste quelques millimètres). La bonne surprise c’est qu’au démontage intérieur pour placer le diaphragme, les lentilles sont séparées par des bagues en métal de belle facture. J’ai donc pu placer idéalement le diaph d’une valeur de f/5 environ juste après la lentille du milieu, avant le point de convergence des rayons du triplet, là où devrait se trouver le diaphragme s’il y en avait eu un.
En ce qui concerne le dépoli, j’ai utilisé du « silicon carbide grit » à grain 600. Il suffit d’une pincée de cette poudre et d’un peu d’eau pour confectionner un superbe dépoli (voir photos). De plus, comme le dépolissage requiert un verre de plus petite taille (un 13×18 en l’occurrence mais un 9×12 ou 10×15 serait plus pratique), j’ai donc dépoli en même temps le 24×30 ET le 13×18. Le dépoli, au bout de 30mn de dépolissage avec des gestes alternativement circulaires et rectilignes, est d’une incroyable uniformité C’est une technique simple, abordable et réalisable facilement je vous le conseille.
Une des grosses surprise de cet objectif c’est sa qualité optique. J’ai testé plusieurs objectifs d’épiscope, notamment les Leitz Epis et je ne pensais pas que leur qualité puisse être égalée ou surpassée, et bien si! Le rendu de ce SFOM est magnifique. Piqué, modelé, contraste, tout est superbe. Cerise sur le gâteau, un effet de « bubble-bokeh » très marqué. On peut ne pas aimer mais personnellement j’adore!
Disclaimer : les conseils de prise de vues et les expérimentations dont je parle sur ce site n’engagent que moi. Ils me sont d’abord d’une grande utilité à titre personnel, et j’espère en faire profiter un plus grand nombre en les partageant. rien n’est gravé dans le marbre sauf la physique! Je partage juste mon expérience personnelle, si elle peut servir au plus grand nombre, j’en serai heureux! |
Bonjour Guillaume,
J’adore ce genre de réalisation. Je viens moi même de terminer une chambre 20×25 et maintenant je n’ai plus qu’à sauter dans le grand bain de nitrate d’argent pour essayer de réaliser quelques photos au Collodion humide. Merci pour vos articles très intéressant.
Merci de votre intérêt et votre avis. N’hésitez pas à partager votre réalisation!
Merci pour vos articles (et expérimentations) toujours inspirants. Je réfléchis de plus en plus à mon passage au collodion tant les résultats sont « autre chose » que la photo au film.
Merci beaucoup! Il faut savoir se sentir prêt pour sauter le pas vers le collodion humide, mais une fois dedans, c’est un nouveau monde qui s’ouvre!