Portrait d’une maman centenaire et de son fils |
En avril 2021, à ma demande auprès de Jacques un ami de longue date, j’ai eu l’opportunité de le photographier au collodion avec sa maman (qui a aujourd’hui 100 ans !!). Demande acceptée et c’est par une journée très ensoleillée à Montarnaud que la séance a pu avoir lieu.
C’était la première que j’utilisais le petzval que je venais d’acquérir, un 200mm f/3.0 assez imposant et superbe (j’en fais le descriptif plus bas). Je voulais photographier en contre-jour pour éviter bien sûr d’avoir une lumière crue sur les visages. Pour créer une éclairage « fill in », j’ai pu grâce à un réflecteur argenté (réalisé à partir d’un pare-soleil de pare-brise) déboucher les visages et qui plus est, donner cet éclat dans les yeux. La forte aberration de sphéricité optique (propre au petzval), le contre-jour lumineux et l’éclat dans les yeux donnent cet aspect un peu nébuleux et irréel de l’ensemble.
Ferrotypes 13×18 (j’avoue que les plaques étaient pas mal surexposées tant il y avait de lumière, mais au final tant mieux, au final l’image n’est pas trop contrastée et plutôt nimbée de lumière).
Petite anecdote : il y a bien un chien sur les genoux de la maman, mais allez demander à un chien de tenir la pose 1 à 2 secondes comme c’est le cas ici…!
C’est donc ce petzval que j’ai utilisé, un énorme objectif de constructeur inconnu. Un petzval est toujours composé d’un doublet collé achromatique à l’avant et d’un autre doublet à l’arrière (une concave et une convexe séparées par une fine bague en métal). Je l’ai revendu sans avoir pu faire d’autres plaques car je trouvais qu’il manquait de piqué. Un petzval Hermagis, Dallmeyer, Ross, Darlot, Derogy (donc les plus grandes marques de l’époque) fabriquaient des optiques très piquées au centre (20° environ) mais dotées d’horribles aberrations optiques (enfin considérées comme telles à l’époque) sur la périphérie. Ce n’est pas le cas du mien qui n’était pas du tout net au centre, par contre l’effet « swirly bokeh » lui est très prononcé! Et c’est cet effet qui aujourd’hui très prisé et recherché, alors qu’au XIXe et début XXe on lui préférait le rectilinéaire ou l’anastigmat qui, eux, étaient dépourvus de cette aberration.
Disclaimer : mes prises de vues, mes conseils et mes expérimentations n’engagent que moi. Ces articles me sont d’abord à titre personnel, d’une grande utilité. Je suis assez scrupuleux sur mes écrits. Je vérifie et cite quand il se doit mes sources…malgré tout il peut subsister quelques erreurs notamment sur la science de l’optique et de la couleur, car rien n’est gravé dans le marbre sauf la physique! Pour conclure, je partage juste mon expérience personnelle, mes impressions et mes expérimentations. Si elles peuvent servir aux lecteurs, j’en serai heureux! J’espère en faire profiter un plus grand nombre en les partageant. |
Un résultat assez surréaliste en effet, et avec une gamme de gris assez proche du sépia – comparé notamment à ton autoportrait.
Beaucoup de lumière donc 2 secondes de pose seulement, mais ça reste peu pour le collodion ?
Est-ce que la réaction des sels, avec cette durée-là, explique ce rendu joliment brun/sépia ? Ou bien est-ce lié à une particularité lors de la révélation ? Ou le support ?
Deux secondes de pose pour une surface sensible de 0.5-1 ISO avec une optique à f/3.0 c’est ce que me donnait ma Gossen Lunasix MAIS…il n’y a pas que la lumière visible, et je me suis fait berner par celle qui est invisible : les UV. J’ai mesuré la lumière incidente sur le contre jour, mais ceci n’est valable qu’avec la lumière, je n’ai pas pris en compte les UV car les UV il y en a partout, même dans l’ombre! D’où la surex. Le rendu légèrement sépia (que j’ai un peu accentué dans Photoshop) vient du fixateur (Thiosulfate de sodium anciennement appelé Hyposulfite de Sodium) qui donne cette teinte brunâtre.
C’est la maman de Jacques ? Elle est très belle !
Et mise en valeur avec cette technique.
Centenaire en plus, respect !
Oui c’est sa maman, elle a de beaux yeux clairs et dans cette photo elle est nimbée de lumière