3 Point&Shoot en test : « Alors, tu pointes ou tu tires? »! |
Point and Shoot : « Tu pointes et tu tires! »
Dans cet article, je vais comparer trois compacts « Point&Shoot » 24×36 argentiques qui se situent plutôt dans le milieu de gamme tout comme le Nikon L35AF ou Olympus Mµ, mais bien loin des Nikon 35TI, Yashica T*, Contax, etc qu’on trouve à des prix exorbitants…
Il s’agit donc du Nikon W35, du méconnu Kodak 35AF2 et du Fuji DL-200, trois compacts « tout plastique » mais non dénués d’intérêt. J’ai déjà réalisé un article sur le Nikon W35 que vous pouvez retrouver ici : https://www.hocus-focus.fr/2022/03/06/un-point-shoot-pour-la-street-photography/
Voici les trois compacts en lice
Nikon W35
– 35 mm ƒ/3,5 3 éléments
– Avance du film motorisée
– Flash auto, désactivé, fill-in
– Alimentation : 2 piles AA 1.5v
– Poids : 120 g
Kodak 35AF2
– 35 mm ƒ/2,8 à 4 éléments
– Avance du film motorisée
– Flash auto, désactivé, fill-in
– Alimentation : CRP2 6v
– Poids : 280g
Fuji DL200
– 32 mm ƒ/2,8 à 4 éléments
– Avance du film motorisée
– Flash auto, fill-in
– Alimentation : CRP2 6v
– Poids : 265g
Avant de vous révéler les résultats de mon comparatif, je vous invite dans un premier temps à aller voir les caractéristiques détaillées de ces compacts sur Google. J’ai trouvé pléthore d’articles les concernant, je ne vais donc pas les détailler ici. Certains sont très complets, passant en revue tous les détails de l’appareil et ses résultats, mais il me semble que je n’ai pas trouvé de comparatif de plusieurs appareils mis en corrélation, qui permettrait d’avoir un jugement relatif. Ces trois compacts ne sont pas mes « chouchous » mais juste trois compacts que je possède parmi tant d’autres et qui se ressemblent. Il existe bien sûr des centaines de compacts tous différents mais j’ai simplement voulu comparer trois appareils semblables mais distincts dans leur fabrication, et aussi démythifier un peu le côté « t’a pas d’appareil à plus de 500 euros = t’a pas de belles photos »…
Ces appareils sont encore abordables mais pour combien de temps? Et cette mode des P&S va t’elle s’éteindre rapidement? On trouve des vulgaires tout-plastique (même l’objectif) à des prix désopilants tellement ils sont au dessus de la vraie valeur de l’apapreil, tout ça parce qu’il y a une « hype » une « trend » sur les P&S argentiques et que tout le monde se rue dessus.
Ensuite, concernant le protocole de mon test il est simple : j’ai pris les 3 appareils avec moi et suis allé me balader dans mon village, et chaque photo a été prise trois fois donc avec le même cadrage et surtout le même objet centré dans le viseur.
Les 3 pellicules (Fomapan 400) ont été développées en même temps dans une cuve Paterson d’1 litre pour 3 spires, avec du révélateur Caffénol-C en stand développement (80mn).
J’ai eu la surprise de voir que mes films étaient sous-exposés d’au moins 2 diaphs sinon plus (je ne peux mettre ça que sur le compte de mon révélateur…) et surtout j’ai voilé le film du Nikon car pensant qu’il était rembobiné, j’ai ouvert… mais le film s’était décroché de son axe récepteur…
Pourtant j’en ai développé des films depuis des années au Caffénol…mais là je ne comprends pas…bref!
J’ai ensuite scanné les négatifs en 2400 dpi avec un Epson 4990 et le logiciel Silverfast AI 8.0 en mode DNG et HDR 16bits. Ce mode est vraiment ce qui se fait de mieux car on obtient une sorte de fichier RAW (DNG=Digital Negative) qui peut être facilement édité dans Photoshop. Tous les paramètres sont mémorisés au sein du fichier, il n’y a pas de fichier .xml externe comme pour le Raw. Lors du scan, point de netteté, ni de courbes de niveaux : le scan est brut de décoffrage et le HDR (High Dynamic Range) excelle, tout en équilibrant les contrastes et les niveaux d’une manière subtile. C’est le mode que j’utilise désormais tout le temps.
Les trois images que je vais examiner
Pour chaque photo, j’ai ajusté les niveaux et rajouté 50% de netteté optimisée dans Photoshop. Ci-dessous, chaque image est une capture d’écran en 100% qui représente les photos prises avec les 3 appareils (Nikon W35 – Kodak 35AF2 – Fuji DL200) du même point de vue, le viseur centré au même endroit à chaque fois (approximativement).
En cliquant sur une image, vous l’ouvrez dans une nouvelle fenêtre en plein écran.
Loin de moi l’idée d’apporter un jugement ultra-technique sur ces résultats, je ne suis pas un « pixel peeper ». Une photo se juge à son interprétation globale et non pas au piqué en vue 200%, néanmoins j’ai voulu montrer les différences de rendu entre ces appareils et leurs qualité optiques.
Vous pourrez donc comparer :
- le piqué dans les angles comparé à celui du centre de l’image
- le rendu des hautes et basses lumières
- la distorsion si il y en a
- le rendu des perspectives
- etc..
Vous pouvez télécharger toutes ces photos dans leurs format d’origine ici
Considérations
- Il y a vraiment peu de différences notables entre les trois, je dirais rien de « flagrant », nous n’avons pas affaire à des « culs de bouteille ». Pourtant on se rend compte que le Nikon W35 et son 35mm f/3.5 pourtant avec seulement 3 éléments (un triplet donc) fait vraiment bien le boulot, mais il n’est pourtant pas tout le temps net, je pense qu’il faut mettre ça sur le compte du nombre de paliers autofocus. Le recordman du monde du nombres de paliers est l’Olympus µ (Mju) et le µ2 (Mju2), en effet ces deux appareils qui valent actuellement une fortune sur le marché de l’occaz ont environ une centaine de paliers autofocus alors que le W35 n’en a que 5, ça fait une sacrée différence, d’où la différence de prix. Couvrir entre moins d’un mètre jusqu’à l’infini avec 5 paliers peut conduire à des photos qui ne sont pas tout à fait nettes, même avec 400 iso en plein soleil (l’appareil ferme donc le diaph en conséquence et en théorie augmente la profondeur de champ), les résultats ne sont pas toujours à la hauteur, c’est dommage car quand c’est net c’est assez piqué. Je n’ai pas pu obtenir le nombre de paliers du Fuji et du Kodak , c’est bien dommage.
Le flash peut être déclenché en fill-in ou désactivé : gros point fort de ce Nikon! Et cerise sur le gateau, il utilise des piles AA 1.5v standard! - Le Kodak a un objectif constitué de 4 éléments et développé par Kodak. J’ai pu lire quelque part que cet objectif est réputé et même que cet appareil est assez rare. Je l’avais donc acheté pour son optique et aussi les possibilités du flash qui est débrayable et peut être déclenché en fill-in. Dans ce comparatif il fait très bonne figure face aux deux autres. Le seul souci c’est sa pile CRP2 assez chère mais qui est censée durer un paquet de films.
- Le Fuji a un 32mm doté de 4 éléments et on voit bien que cette focale plus courte permet d’obtenir un champ vraiment plus large. La qualité optique est au rendez-vous comme à chaque fois avec les Fujinon. Le gros avantage c’est le gain en profondeur de champ en street photography. Le système drop-loading est aussi un plus, en cas d’ouverture du dos inopiné, aucun risque de voiler le film. D’autre part, le système d’analyse de lumière est confié à des cellules Cds placées juste au dessus du film et analysent en temps réel l’apport de lumière qui arrive sur le film. C’est une technologie très en avant pour ne louper aucune photo en théorie. Gros avantage comme le Nikon, le flash peut être déclenché en fill-in mais n’est pas débrayable.
Vous pouvez retrouver un excellent article consacré au Fuji sur ce site :
https://latelierdejp.org/2022/04/06/le-fuji-dl-200/
Attention : je remarque que je n’ai pas parlé du problème de pile concernant ce Fuji car il existe 2 modèles du DL200 : un a les piles soudées et il faut soit être bricoleur pour les changer, ou bien laisser l’appareil au SAV (quelle idée, juste pour des piles…) mais il existe un autre modèle, absolument identique à tous points de vues (boitier, sérigraphie, esthétique) mais dont la pile est amovible sans intervention technique et c’est le modèle que j’ai. Pour les différencier c’est bien simple : le modèle dont les piles sont soudées a les inscriptions autour de l’objectif en BLANC alors que modèle à pile amovible a les inscriptions en JAUNE ORANGÉ, c’est tout ce qui les différencie! Si vous comptez en posséder un, pensez à bien vérifier cela avant d’acheter. NB : le mien n’est pas un DL-200II mais bien un DL-200. |
Comme on peut aussi le constater, il y a dans ce comparatif un certain manque de piqué comparé au test que j’avais consacré au Nikon W35 précédemment, et il y a peut être deux raisons à cela : dans le précédent article j’ai utilisé de la Fomapan 100 iso, le grain est plus fin, et d’autre part le film est bien exposé alors que dans ce comparatif, la Fomapan 400 est sous exposée d’au moins deux diaphs. Le fait de remonter les niveaux d’une telle erreur d’exposition fait monter drastiquement le grain jusqu’à en faire des pâtés. On perd beaucoup d’acutance. Je remarque aussi que dans l’article sur le W35, la majorité des photos sont faites avec des sujets assez proches 3-5-10m, alors que dans ce comparatif, les sujets sont plus éloignés, peut être que le Nikon est meilleur dans les plans pas trop éloignés et que les paliers sont plus efficaces dans les plans rapprochés ou à mi-distance?? Je pense que oui vu le piqué qu’on a sur la photo des pneus.
Mise à jour : j’ai commandé et reçu récemment un scanner dédié aux négatifs : le Minolta Dimage Dual Scan III pour avoir une plus grande netteté des scans. Malheureusement celui-ci ne fonctionnait pas, j’ai dû me faire rembourser et en acheter un autre, que j’ai reçu.
Mon scanner Epson 4990 n’est pas la panacée pour numériser du 24×36 puisque les 4800 dpi optique annoncés sont illusoires, je dirais qu’il est bon jusqu’à 600 dpi et c’est déjà pas mal. Pour du moyen format il est top, pas pour du 35mm. Je consacrerai un article prochainement à ce scanner Minolta Scan Dual III comparé à l’EPSON 4990.
Conclusion
Ce test n’a rien de scientifique, il permet juste de comparer 3 appareils, de juger sur pièces et de se faire une opinion sur les différents rendus. Pour ma part je n’ai aucune préférence particulière et les trois me donnent entièrement satisfaction.
A vous de juger !!
Disclaimer : mes prises de vues, mes conseils et mes expérimentations n’engagent que moi. Ces articles me sont d’abord à titre personnel, d’une grande utilité. Je suis assez scrupuleux sur mes écrits. Je vérifie et cite quand il se doit mes sources…malgré tout il peut subsister quelques erreurs notamment sur la science de l’optique et de la couleur, car rien n’est gravé dans le marbre sauf la physique! Pour conclure, je partage juste mon expérience personnelle, mes impressions et mes expérimentations. Si elles peuvent servir aux lecteurs, j’en serai heureux! J’espère en faire profiter un plus grand nombre en les partageant. |
Très chouette article. Si j’analyse souvent des appareils argentiques, je n’ai pas toujours l’occasion de les comparer, à plus forte raison après avoir développé un film. Je me permets de revenir sur le Fuji DL 200 auquel j’ai consacré 2 articles sur latelierdejp.com. En effet, le seul bémol qui concerne cet appareil, c’est sa pile : je devrais écrire d’ailleurs les 2 piles, qui étaient soudées à l’origine entre elles. Si l’appareil n’a pas été modifié, il faut penser à faire cette intervention au risque de le voir finir sa vie dans un tiroir, ce qui serait dommage. Bien cordialement.
Merci beaucoup. Effectivement je n’ai pas parlé de ce problème de pile mais grâce à toi je vais rajouter un addendum à mon article : il existe 2 modèles du DL200 : un avait les piles soudées et il fallait soit être bricoleur pour les changer, ou bien il fallait laisser l’appareil au SAV (quelle idée, juste pour des piles…). Mais il existe un autre modèle, identique à tous points de vues mais avec la pile échangeable sans intervention technique et c’est le modèle que j’ai. Pour les différencier c’est bien simple : le modèle dont les piles sont soudées a les inscriptions autour de l’objectif en BLANC alors que modèle à pile interchangeable a les inscriptions en JAUNE ORANGÉ, c’est tout ce qui les différencie! J’espère que j’ai apporté de l’eau au moulin. Encore bravo pour ton site très instructif et fourni! Guillaume
Appréciation subjective également (d’autant que je n’ai pas un regard aussi avisé que le tien sur l’agentique ;-)), j’ai une légère préférence pour le rendu du Fuji. Je ne parle pas de la focale, qui en effet est plus large, mais du grain de l’image que je trouve à la fois « authentiquement argentique » et naturel. Je placerais le Nikon en 3ème position (je trouve son rendu un peu moins précis, plus « effacé » que celui de ses concurrents).
Ta pratique est une mine d’or en tout cas, pour perpétuer tradition et atouts de l’argentique !
Merci! C’est marrant car je trouve le Nikon meilleur que les 2 autres mais comme on peut le voir les avis sont subjectifs. Pour le grain je ne pense pas du tout que l’optique modifie la qualité du grain de l’image, les 3 films ont été développés en même temps dans la même cuve ^^