Un objectif Tominon ou « tout mignon »? |
Au mois de février, j’avais expliqué comment adapter un objectif d’appareil compact argentique Revue 400SE sur un APS-C, et les résultats s’étaient avérés tout à fait remarquables.
Aujourd’hui j’ai entrepris de faire de même pour un l’objectif d’un appareil méconnu mais de très bonne qualité : le Mamiya MyRapid. Celui-ci étant défectueux (cellule sélénium HS et gommage de l’obturateur), je n’ai pas eu de scrupules à le démonter pour en tirer la substantifique moelle!
Cet appareil compact argentique de 1965, demi-format (18×24) était équipé d’un objectif Tominon 32mm f/1.7. Le nom de « Tominon » doit évoquer certainement quelque chose aux « lensaholics » (les dingues d’objectifs) car c’est une optique créée par Tomioka la fameuse et légendaire marque japonaise d’objectif qui deviendra plus tard Kyocera. Les appareils « half-format » sont les seuls compacts argentiques à posséder des optiques lumineuses (moins de f/2.0) sur des grands-angulaires (de 30mm à 40mm en général). Ceci est dû au fait que l’objectif ne devait couvrir que la moitié du format 24×36.
En général, et heureusement pour les bidouilleurs comme moi, ces optiques couvrent parfaitement les capteurs CMOS des appareils en format APS-C, que ce soit sur Fuji-X, µFour thirds, Sony etc…
L’adaptation de ce genre d’objectifs sur un APS-C a pour but d’avoir une focale standard lumineuse de qualité. En effet, sur les APS-C, pour avoir un objectif d’une focale équivalente à 50mm, il faut un objectif de 30 à 35mm, cela étant dû à un recadrage équivalent à 1.5x. Par conséquent les objectifs neufs de 30 à 35mm ouvrant à f/1.4 ou f/1.8 sont assez rares et assez chers. Pour ce Tominon (payé quelques dizaines d’euros), et connaissant la marque Tomioka (j’ai possédé un fantastique Chinon 50mm f/1.4), en l’adaptant j’étais certain d’avoir un 50mm de qualité petit et lumineux.
Le démontage n’a pas posé de problème particulier : le bloc optique est venu au bout de quelques vis. Souvent, sur les compacts argentiques, l’obturateur est sur le plan focal et fait également office de diaphragme : il est dans ce cas assez difficile de démonter l’ensemble d’obturation. Mais ici, pas de problème, l’obturateur étant situé derrière le bloc optique.
Il m’a fallu trouver un fût pour héberger ce petit bloc : j’avais gardé une carcasse de Schneider Componon 50mm f/4, un objectif d’agrandisseur (dont les lentilles étaient piquées) et dont la monture à pas de vis est sensiblement identique à la monture C (C-mount). J’ai démonté l’ensemble et ai récupéré l’arrière du fût : j’y ai donc collé à l’époxy le petit bloc Tominon. Pour garder la mise au point, j’ai collé par devant un fût en métal provenant de je ne sais où, mais qui fera office de pare-soleil et de bague de mise au point.
Le tout est vissé sur une bague c-mount/Fuji-X, et voici donc les résultats à f/1.7
Regardez l’agrandissement à 400% environ de l’œil gauche de Roxane, les détails sont impressionnants!
Tomioka est un orfèvre en optique et les images parlent d’elles-mêmes! J’apprécie la grande netteté au centre, le « bubble-bokeh » (en général propres au Trioplan) et le flou diffus en périphérie. Sacrée optique surtout pour son âge (+ de 60 ans) et pour le type d’appareil pour lequel elle a été conçue!
Disclaimer : mes prises de vues, mes conseils et mes expérimentations n’engagent que moi. Ces articles me sont d’abord à titre personnel, d’une grande utilité. Je suis assez scrupuleux sur mes écrits. Je vérifie et cite quand il se doit mes sources…malgré tout il peut subsister quelques erreurs notamment sur la science de l’optique et de la couleur, car rien n’est gravé dans le marbre sauf la physique! Pour conclure, je partage juste mon expérience personnelle, mes impressions et mes expérimentations. Si elles peuvent servir aux lecteurs, j’en serai heureux! J’espère en faire profiter un plus grand nombre en les partageant. |
Tout simplement somptueux !!
Oui tu as vu ça!