Testez testez..il en restera toujours quelque chose |
Dans la continuité du test précédent concernant les différents types de plaques pour le collodion humide, j’ai entrepris également de tester cinq de mes objectifs pour chambre 13×18, et montrer ainsi les différents types de rendu en fonction de leur ouverture et de leur focale. Ce test n’a pas de prétention technique ni scientifique, il permet surtout, pour moi-même, d’en juger les différences, d’en connaitre leurs rendus propres et de voir les différences de bokeh afin de pouvoir les utiliser à bon escient. Ainsi je pense utile de partager ces appréciations!
Les objectifs testés sont les suivants (focales respectives à gauche et leur équivalent en full frame 24×36 à droite) :
- Benoist Berthiot en combinaison 390mm f/12.1 Trousse Eurygaphe IVc N°2–>>77mm f/2.6
- Boyer Saphir 210mm f/4.5 –>>42mm f/0.9
- 180mm f/4.5 DIY–>>36mm f/0.9
- Zeiss Krauss Protar en combinaison 285mm f/12.5 (?)–>>56mm f/2.6
- Rodenstock Rodagon 300mm f/5.6–>>59mm f/1.1
Je remercie l’auteur de ce site qui propose un outil génial : le calculateur de profondeur de champ (+calculateur d’angle de champ et équivalences optiques). Voir son site.
Protocole de cette séance :
- Distance chambre/sujet adaptée à chaque objectif de façon à avoir à peu près le même cadrage du sujet sur le dépoli arrière
- Mesure de l’exposition à chaque prise de vue
- Application de la correction de soufflet quand cela a été nécessaire
- Temps de développement unique de 20 secondes pour chaque image
- Scan en mode transparent avec l’Epson 4990 en mode avancé avec un réglage unique des niveaux d’entrée pour tous les ambrotypes.
Analyse des résultats
En préambule on peut constater que l’exposition est à peu près correcte sur toutes les images, à l’exception de celle réalisée avec le Protar 285mm (premier en partant de la gauche) : l’ambrotype est surexposé, preuve que l’ouverture n’est pas de f/12.5 mais beaucoup moins.
EDIT : d’après mes récentes recherches, ce Protar existait à l’origine en version trousse, avec les lentilles Protar 12,5/350mm, 12,5/285mm, 12,5/224mm. En réalisant des combinaisons, on pouvait avoir différentes focales. L’ouverture de f/12.5 est uniquement en mode lentille seule, mais le mien est équipé de 2 lentilles 285mm f/12.5, ce qui doit améliorer l’ouverture relative de l’ensemble. D’où mon erreur et la surexposition!
Vous pouvez voir en arrière-plan une mire couleur (que vous pouvez télécharger ici) qui permet de vérifier le rendu OOF (Out of Focus) ainsi que le rendu des tonalités.
Concernant le développement des ambrotypes :
- Sur la plaque du Berthiot, du 180mm DIY et du Rodagon ont des coulures dues au développement trop rapide comme je l’expliquais auparavant. Ce problème sera réglé en rajoutant du sucre blanc dans le développeur pour ralentir le processus.
- Il y a également sur cette plaque un effet de moiré prononcé : pourquoi seulement celle-ci? Je ne sais pas. Cela provient en tout état de cause des interférences dues à la superposition de 2 plaques de verres : la plaque et la vitre du scanner. On les appelle des « anneaux de Newton ».
- Sur la plaque du Protar 285mm, d’énormes traces de coulures blanchâtres : elles viennent du fait que j’ai pris un verre neuf mais seulement nettoyé à l’alcool. Précédemment j’expliquais que j’avais ces soucis avec des sous-verre bas de gamme. En fait il n’en est rien : il suffit au préalable de laver le verre au liquide vaisselle, le rincer, sécher, et seulement après ce lavage, le nettoyer à l’alcool!
Résultats
- Pour le Berthiot en 390mm, cette combinaison est plutôt adaptée au format 20×27 plutôt qu’au 13×18 si on se réfère au tableau. De ce fait, j’ai dû allonger le tirage au maximum de la chambre pour avoir la netteté requise (cela va de soi, j’ai appliqué la correction soufflet). Par contre, malgré la focale de l’objectif et la proximité du sujet, f/12.1 n’est pas une ouverture adaptée pour le portrait car l’arrière-plan est bien trop net, sauf bien sûr si on recherche cet effet. Cet objectif ouvert à f/12.1 est inutilisable en portrait collodion humide : 40 secondes de pose est impensable! Même en combinaison 180mm, l’ouverture descend à f/6.9, c’est encore inutilisable en portrait.
- Le Boyer Saphir est superbe : malgré sa focale courte (42mm), on à affaire à un sublime bokeh onctueux. on s’attendait à ce que l’arrière-plan soit plus net, il n’en est rien, et cet objectif est l’idéal pour le portrait même si 42mm n’est pas adapté pour cet exercice. En effet il aura tendance à déformer un peu le visage. (rappel : 43mm est la focale « normale » pour l’œil humain mais en photo, nous sommes encore dans le domaine du grand-angle. Une focale normale en photo démarre à 50mm jusqu’à 55mm). Cet objectif est donc tout à fait recommandé grâce à sa grande ouverture de f/4.5 mais attention aux déformations dues à la focale si on est près du sujet. C’est mon préféré au niveau du rendu.
- On peut noter tout de suite le rendu vraiment « à part » du 180mm DIY avec cet effet très vaporeux dans le style des films du début du XXe siècle. Sa très faible profondeur de champ (quelques millimètres) n’autorise aucune erreur de mise au point mais permet de belles images je pense en portrait en en paysage! Avec une mise au point parfaite sur les yeux et une sortie bien contrastée de l’ambrotype on peut avoir de magnifiques portraits, à tester donc. Par contre son angle de champ de grand-angle (36mm) et la très grande proximité requise du sujet par rapport à l’objectif n’est pas adapté à priori au portrait : il met un peu trop en avant le nez au détriment du reste. il faut donc composer l’orientation de la tête pour éviter cet effet. Cet objectif est donc exploitable avec des restrictions.
- Le Zeiss Protar est bien sûr d’emblée éliminé vu son ouverture relative trop faible : f/12.5 en studio et au collodion, c’est inutilisable. Pour les paysages et l’architecture, c’est parfait. Sa grande netteté (quel piqué !!!) et sa grande profondeur de champ le destine à cet emploi.
- Pour finir, le Rodagon 300mm est le compromis idéal entre focale, piqué, bokeh, ouverture, temps de pose. Avec son ouverture de f/5.6 et sa focale équivalente à un 59mm, son piqué énorme et son bokeh magnifique, c’est pour moi le gagnant de ce comparatif, le Boyer saphir arrivant 2e. Son seul défaut est d’être encombrant et très lourd sur ma petite chambre 13×18. Je le verrais mieux sur une 8×10″ (20×25) ou une 24×30 !
Je n’ai pas inclus l’objectif d’épiscope 457mm f/3.6 dans ce comparatif car il est vraiment à part et utilisable uniquement sur une autre chambre que j’ai conçue et réalisée uniquement pour cet objectif, et dont vous pouvez lire l’article et le test ici.
Disclaimer : mes prises de vues, mes conseils et mes expérimentations n’engagent que moi. Ces articles me sont d’abord à titre personnel, d’une grande utilité. Je suis assez scrupuleux sur mes écrits. Je vérifie et cite quand il se doit mes sources…malgré tout il peut subsister quelques erreurs notamment sur la science de l’optique et de la couleur, car rien n’est gravé dans le marbre sauf la physique! Pour conclure, je partage juste mon expérience personnelle, mes impressions et mes expérimentations. Si elles peuvent servir aux lecteurs, j’en serai heureux! J’espère en faire profiter un plus grand nombre en les partageant. |
Laisser un commentaire