Le collodion humide est une sorte de voyage intérieur, un état d’esprit |
Nouvelle séance de portraits réalisée aujourd’hui, avec la chambre équipée du Rodagon 300mm f/5.6, en studio avec ma grande fille Maeva et Julien, Arnaud, mais également Roxane qui a bien voulu une fois encore se prêter au jeu du modèle. Je tiens d’ailleurs à la féliciter ici car, du haut de ses 7 ans, elle arrive quand même a tenir la pose sans bouger pendant une dizaine de secondes, alors même qu’aucun appuie-tête ne vient l’aider dans son immobilité! Sur certaines images, le flou de bougé de la tête est bien visible car malgré tous les efforts du monde du sujet, il est impossible de bloquer la pression sanguine dans la tête et donc ses propres pulsations, à moins de caler la tête dans un « head rest » (repose tête de studio). Il va sans dire qu’il s’agit du prochain achat mais en trouver un relève de la gageure!
Je voulais réaliser une photo de Julien depuis longtemps, car il a vraiment une « gueule », et le rendu de son portrait au collodion est vraiment ce que j’en attendais. Le rendu du portrait d’Arnaud dépasse également toutes mes espérances, il y a une telle richesse de gris tout en étant contrasté! Les yeux bleus ressortent évidemment comme du verre cristallin puisque le collodion ne voit que le bleu. Regardez le rendu de mon révélateur au sucre et sulfate de fer sur cette photo d’Arnaud, c’est magnifique. Ce révélateur est basé sur cette recette :
Jody Ake’s Vinegar Dev
0,5L vinaigre blanc cristal
4g sulfate de fer
3g sucre
7ml alcool dénaturé 95%
La mise en place des éclairages sur les sujets a été peaufinée et travaillée avec justesse, autant que la mise en place du fond noir/blanc réalisé par mes soins, juste de la peinture noire et grise pour créer une sorte de vignetage. J’avais commandé un fond sur Amazon, pas cher, et bien sûr de très mauvaise qualité…translucide, la marque des plis impossible à enlever, bref un cauchemar… Donc on n’est jamais si bien servi que par soi-même !
Pas facile de poser dans un périmètre pas plus grand qu’1 mètre de large, les spots sont rapprochés au maximum du sujet pour qu’il soit bien éclairé!
Un des avantages du collodion est le recyclage, en effet j’ai utilisé pour ces portraits des plaques (alu, plexi) de photos ratées, que j’ai méticuleusement lavées à l’eau puis à l’éthanol, et enfin séchées. En effet, si on nettoie mal, la moindre trace même de quelques dixièmes de millimètres viendrait créer une « comète » ou « coulure » qui ne serait pas du plus bel effet. Mais malgré tout, ces défauts restent acceptables, ils font même partie du charme « visuel » de cette technique.
Pour l’éclairage, pas de complexité : une boite à lumière puissante en éclairage principal et en légère plongée devant le sujet, 2 spots arrière viennent éclairer la tête et les épaules et un réflecteur argenté vient déboucher les ombres du côté droit de l’image. Pour le portrait de Roxane, j’ai réalisé un ambrotype sur verre, puis j’ai noirci à la bombe de peinture la face inverse, ce qui donne un aspect laqué tout à fait satisfaisant. Pour les verres je me fournis à Leroy-Merlin, c’est le seul endroit où j’ai pu trouver des sous-verres de qualité à environ 1 euro. Le verre est plus épais que la moyenne et les bords très lisses et le prix d’achat est inférieur à une découpe sur mesure.
Les tons chauds proviennent du fixateur, en effet le Thiosulfate de sodium (ex Hyposulfite de soude de type « Hypam ») donne cette tonalité très chaude, que j’ai essayé de conserver dans les scans.
Dans la continuité du DIY, j’ai commandé 1 litre de collodion officinal, du bromure de potassium ainsi que de l’iodure de potassium afin de pouvoir concocter mon propre collodion à moindre frais, et j’en expliquerai les différentes étapes plus tard.
De gauche à droite : Sulfate de fer pur à 99% pour le révélateur, Vernis Sandarac à base de gomme Sandaraque et de lavande pour le vernissage final, Collodion officinal 1 litre, développeur DIY à base de vinaigre blanc, sucre (pour retarder le développement) et sulfate de fer, Bromure de potassium pour concocter le collodion (en plus de l’Iodure de potassium et l’ethanol), une petite lampe à pétrole style « Pigeon ».
L’aventure du collodion prend forme et les résultats de ce procédé sont de plus en plus étonnants, l’effet « woow » est toujours présent et une excitation s’empare de moi à chaque étape de la prise de vue! Cette technique est magnifique, authentique et originale à tous points de vues!
Disclaimer : mes prises de vues, mes conseils et mes expérimentations n’engagent que moi. Ces articles me sont d’abord à titre personnel, d’une grande utilité. Je suis assez scrupuleux sur mes écrits. Je vérifie et cite quand il se doit mes sources…malgré tout il peut subsister quelques erreurs notamment sur la science de l’optique et de la couleur, car rien n’est gravé dans le marbre sauf la physique! Pour conclure, je partage juste mon expérience personnelle, mes impressions et mes expérimentations. Si elles peuvent servir aux lecteurs, j’en serai heureux! J’espère en faire profiter un plus grand nombre en les partageant. |
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